Je vais aborder dans cet article un problème auquel tout collectionneur d’Aeonium est un jour ou l’autre confronté. La présence d’éléments indésirables qui peuvent nuire s’ils sont trop nombreux à nos Aeonium. Ce sont principalement les hemiptères qui sont responsables des dégâts occasionnés sur les Aeonium. Cette famille d’insecte piqueur-suceur de phloème (le phloème est le tissu conducteur de la sève) est constituée notamment par les cochenilles, les pucerons, les cigales et les punaises. Seuls les 2 premiers peuvent réellement occasionner des dégâts. Dans ce premier article sur les ravageurs des Aeonium, je vais me concentrer sur les cochenilles.
Il existe une multitude de cochenilles différentes de part le monde qui vont s’attaquer souvent à certains types de plantes en particulier.
En ce qui concerne les Aeonium, ce sont principalement les cochenilles farineuses (Pseudococcidae) qui vont être source de problèmes. On classe les espèces de cochenilles farineuses en deux catégories, selon la partie de la plante qu’elles affectent. Les espèces des genres Planococcus, Pseudococcus et Phenococcus se nourrissent sur les parties aériennes, tandis que les espèces du genre Rhizoecus spp. se nourrissent et vivent sur les racines (on peut facilement les confondre avec les pucerons lanigères qui ont une certaine ressemblance et qui sont eux aussi présents sur les racines mais pas des Aeonium à ma connaissance). Ces dernières se fixent sur les racines, y perçant des trous avec leurs parties buccales de façon à se nourrir de la sève, ce qui affaiblit la plante et peut même aller jusqu’à la tuer.






Les cochenilles farineuses sont des insectes qui mesurent entre 1,5 et 5 mm de long (1,5mm pour la cochenille des racines, 4-5mm pour les cochenilles aériennes). Son corps est mou et de couleur gris-blanc ou rose. Les cochenilles farineuses sucent la sève des Aeonium ce qui les affaiblit. Elle secrète ensuite une substance sucrée nommée miellat qui protège son corps et cache ses œufs. La surface des feuilles peut donc être collante. Ce miellat pose deux principaux problèmes :
– Il participe au développement de la fumagine, une maladie cryptogamique (champignon) provoquée par des moisissures noires dues à diverses espèces de champignons. Lorsqu’elle est trop abondante, la fumagine réduit la photosynthèse et peut provoquer une asphyxie des feuilles de l’Aeonium et donc ralentir sa croissance.

– Il attire les fourmis car le miellat est une nourriture sucrée très appréciée des fourmis. Pour conserver cet apport de nourriture très appréciable, les fourmis vont protéger les cochenilles des agresseurs et donc faire augmenter la population des cochenilles. Il s’agit d’une trophobiose, un échange gagnant-gagnant entre deux espèces.
Les conditions idéales pour le développement des cochenilles
Dès que les températures dépassent les 8°C, les cochenilles peuvent se développer même si les températures optimales sont entre 25 et 30 °C selon les espèces. Les cochenilles aiment donc la chaleur mais aussi une humidité ambiante. C’est donc sous un climat chaud et humide que les populations de cochenilles vont le plus se développer (fin du printemps et début de l’automne lorsque les températures sont encore assez élevées et que l’air extérieur est plus humide sont les périodes les plus propices). En hiver, un hivernage en intérieur dans un espace chauffée et humide est donc aussi totalement propice au développement des cochenilles contrairement à l’utilisation d’une serre froide. Il faut savoir que les cochenilles meurent à des températures inférieures à 2 °C.
Avec des conditions idéales, les cochenilles peuvent proliférer à une vitesse hallucinante car les femelles peuvent pondre plusieurs centaines d’œufs (500 à 600 environ) dans des sacs cotonneux. Les femelles meurent après avoir pondu, le cycle de vie d’une cochenille est, suivant les températures compris entre 40 et 60 jours.
Les larves (appelées nymphes) sont très vite mobiles et peuvent donc coloniser les pots un à un très rapidement. Elles peuvent également être déplacées par le vent ou par les fourmis. Concernant les cochenilles des racines, elles peuvent se déplacent de racine en racine et de pot en pot lors des arrosages. Ainsi les plantes qui partagent un plateau sont plus sensibles aux cochenilles des racines que les plantes cultivées dans des soucoupes individuelles, car il n’y a aucune barrière au déplacement des insectes.
La lutte contre les cochenilles farineuses
La lutte contre les cochenilles farineuses est donc une nécessité sous peine de voir sa collection d’Aeonium subir des dégâts importants. La première action est déjà l’observation. Plus vite on apercevra les premiers signes d’infestation, plus facilement on pourra s’en sortir.
1. La première chose à faire est de systématiquement vérifier les nouveaux arrivages avec beaucoup de minutie et idéalement les mettre en quarantaine ou de faire un traitement préventif.
2. Observer très régulièrement tous vos Aeonium, les parties aériennes mais aussi regarder si des monticules sont présents à la base (signe de présence de cochenilles des racines), la présence de fourmis peut aussi être un signe. Dès que vous apercevez une cochenille sur un Aeonium, bien séparer l’Aeonium en question des autres et le traiter. Il est préférable de mettre en quarantaine tous les Aeonium se trouvant à proximité immédiate de celui-ci car il y a de fortes chances qu’ils soient eux aussi contaminés et les traiter eux aussi préventivement.
3. Enlever systématiquement les feuilles sèches sous les rosettes qui sont des nids et des caches idéales pour les cochenilles !
Lors d’une infestation avérée, il existe plusieurs moyens de lutte :
1. La lutte biologique (seulement si absence de fourmis sinon inefficace) : Faire des lâchers de coccinelles qui sont de grands prédateurs des cochenilles à tous les stades où elles se trouvent. Cryptolaemus montrouzieri est l’un des prédateurs parmi les plus efficaces et les plus utilisés contre les cochenilles. Cette coccinelle se nourrit spécifiquement de cochenilles et est disponible sous forme d’adulte ou de larve. Elle s’attaque à la plupart des espèces retrouvées en serre. L’adulte et les jeunes larves de ce prédateur préfèrent les œufs et les jeunes nymphes de cochenilles, tandis que la larve mature se nourrit de tous les stades de vie des cochenilles. Ce prédateur peut parfois se nourrir d’autres insectes comme les pucerons, mais nécessite des cochenilles pour se reproduire adéquatement. Le seul soucis avec les coccinelles c’est qu’elle vole et donc il est difficile de les maintenir sur place…
2. Différents traitements possibles (n’hésitez pas à me communiquer vos traitements et si cela fonctionne ou au contraire si cela engendre des effets indésirables sur vos Aeonium !), le plus efficace et le plus radical reste, si vous n’avez pas une grande collection d’Aeonium, de dépoter tous vos Aeonium, de les rincer entièrement, les asperger de produits anti cochenilles de votre choix, de jeter le substrat, de désinfecter les pots et de tout replanter avec un substrat neuf.
Sinon, il existe de nombreux produits pulvérisables plus ou moins efficace contre les cochenilles (à refaire régulièrement jusqu’à disparition complète de ces dernières) :
– Huile de paraffine et savon noir (utilisé par la ferme botanique de Kerveat)
– Mélange 1 c.s. Savon noir + 1 c.s. d’huile végétale + 1 c.s. d’alcool à 90° (pour 1 litre d’eau)
– Alcool à 70° en pulvérisation pur (acheter ici sur Amazon)
– Huile de Neem (acheter ici sur Amazon) (L’huile de Neem est obtenue à partir des graines d’un arbre poussant en Inde et en Birmanie. Elle a des propriétés insecticides, acaricides et bactéricides mais est interdite à la vente en France en tant que traitement phytosanitaire, y compris en bio. Elle agit à plusieurs niveaux de la physiologie de ces insectes : Elle paralyse le tube digestif, c’est-à-dire que les insectes n’arrivent plus à digérer ce qu’ils ont ingéré : ils cessent de s’alimenter et meurent. Elle bloque les mues chez les larves, qui ne parviennent jamais au stade adulte et meurent. Elle inhibe la reproduction sexuée, en bloquant les accouplements. Les effets de l’huile de neem sur les parasites ne sont pas immédiats, il faut attendre 2 ou 3 jours pour constater la mort des insectes ou leur fuite). A moins de trouver une préparation prête à l’emploi, vous pouvez fabriquer vous-même un spray en introduisant 5 à 10 ml d’huile de Neem pure dans un vaporisateur et en complétant avec de l’eau pour atteindre 100 ml environ. Bien agiter avant utilisation pour disperser l’huile dans l’eau, puis pulvériser sur les plantes. Il faut savoir que l’huile de neem n’est pas autorisée à la vente en France pour un usage phytosanitaire. En effet, l’azadirachtine a vu son inscription à l’annexe I de la directive 91/414/CEE refusée par la Commission Européenne, en 2008. Cette molécule ne peut donc pas être incorporée comme principe actif dans un insecticide ou un acaricide commercialisé pour être utilisé sur des cultures végétales (agriculture, maraîchage, horticulture, entretien d’espaces verts, jardinage…). Si toutefois vous souhaitez l’utiliser, rien ne vous empêche d’acheter de l’huile de neem vendue pour un usage cosmétique ou ménager, ou encore comme engrais. A noter qu’aux États-Unis, son usage est autorisé comme traitement phytosanitaire en agriculture biologique. Source Gerbeaud.
– Mélange 500 ml d’alcool à 70°, 500 ml d’eau et 20ml d’huile de Neem hydrosoluble.
– Terre de diatomée (acheter ici sur Amazon) à 15ml/litre du substrat (contre cochenille des racines)
– Insecticide de contact utilisable en agriculture biologique (à base d’huile de colza et de pyrèthre (extrait de chrysanthème)) – (acheter ici sur Amazon).
NB: Les insecticides systémique, plus efficace contre les cochenilles du fait de leur mode d’action qui fait circuler l’insecticide dans la plante par la sève, sont interdits à la vente aux particuliers en France. La systemie fait que lorsque la cochenille, insecte piqueur-suceur, se nourrit de la sève, elle ingère à ce moment-là l’insecticide. La durée de protection de ce type d’insecticide est donc plus long ce qui augmente son efficacité.
A savoir
Les adultes peuvent survivre plus de deux semaines en l’absence de source de nourriture.
Les cochenilles meurent à des températures inférieures à 2 °C ou supérieures à 49 °C.
Sources : Larry Hodgson (Jardinier Paresseux), Gerbeaud, RAP (Réseau d’avertissement phytosanitaire), Wikipedia…

